Rechercher dans ce blog

Conservation/Restauration d'estampes

Conservation/Restauration d’estampe (1)

     Ma formation de restaurateur/conservateur au sein du CFRPE a débuté par l’apprentissage de la restauration de documents graphiques. Cette appellation de « documents graphiques » regroupe d’une certaine façon tout ce qui touche au papier. Mais cette dénomination s’applique également à d’autres matériaux comme le parchemin. Le sens de cette expression est également plus large lorsque l’on observe l’ensemble des domaines d’application qu’elle renferme. Il s’agit bien évidemment majoritairement d’estampes (quel que soit leur mode d’impression), mais aussi de diplômes, d’enfantina (boîtes anciennes de jeu ou jeux anciens avec du papier), de PLV (publicité sur lieux de vente) etc.
     Avant d’apprendre et de mettre en œuvre les techniques de restauration/conservation proprement dites, il m’a fallu comprendre et intégrer les divers matériaux de support et les techniques d’impression (ou de réalisation). J’ai ainsi aussi bien appris l’histoire technique des supports d’écriture depuis l’invention de celle-ci, du papyrus aux différents papiers et cartons en passant par le parchemin (ou plutôt les parchemins ; sans oublier les divers ostraca, tapas et tablettes même si leur étude est restée secondaire), ainsi que leurs structures, compositions et dégradations. Il m’a également été nécessaire de maîtriser leur reconnaissance.
     Il a ensuite été nécessaire d’assimiler et d’apprendre à reconnaître les méthodes de gravure et d’impression (bois de fil, eau forte, lithographie etc.), la composition des encres scripturales ou d’impression (noir et de couleur), sans oublier certaines techniques de peinture (aquarelle, gouache etc.), les méthodes de stockage et de montage etc.
     Puis, il a fallu étudier les dégradations intrinsèques et les agents externes pouvant toucher ces documents.
     Enfin, avant d’aborder les techniques et procédures de conservation/restauration, ce sont les nombreuses interrogations et règles déontologiques qui accompagnent cette profession qui ont été abordées.
Les résultats de la mise en œuvre d’une procédure de restauration/conservation peuvent être surprenants ou presque imperceptibles. Chaque intervention répond aux besoins spécifiques du document analysé de façon minutieuse. C’est avant tout sa conservation dans le temps qui prime.


     Pour illustrer ce que peut avoir comme résultat la conservation/restauration d’un document graphique, voici l’exemple d’une lithographie (impression réalisée à partir d’une pierre) des années 1860. Il s’agit d’une estampe d’interprétation ou de reproduction de Jean-Baptiste Adolphe Lafosse d’après Kruseman (vraisemblablement Cornelis Kruseman), intitulée « Mon Dieu, conservez-moi mon père ».
     Elle a été réalisée sur un papier chiffon de lin vélin accompagné de bois et d’un encollage à la colophane.
     C’est une bichromie imprimée avec une encore d’impression courante.
     Cette estampe souffrait de nombreuses dégradations (même si son état de conservation était relativement correct) :
poussières/pollutions,
foxing (taches d’oxydation),

 

tâches lipidiques,

arrachements stratigraphiques,
 

lacune, déchirures,

trous de pointes (ancien encadrement),

plis intempestifs,
réparation intempestive

etc.
     Chacune des dégradations a nécessité la mise en œuvre d’une procédure spécifique.
     Voici le résultat obtenu par exemple après la désoxydation (procédure qui ne vise qu’à améliorer la lisibilité de l’illustration)
 
Avant                                                      Après

     Ou la mise à plat par réencollage du document visant à éliminer les plis intempestifs.

     Ou encore le comblage de lacune


     Et voici le résultat définitif
 
Avant                                                         Après